Pourquoi dans les télés, les radios, les journaux, voit-on toujours les mêmes journalistes vedettes, les mêmes experts nous proclamer comme des prêcheurs évangélistes que sans le Marché, il n'y a pas de Salut ?
Est-ce dû réellement à leur talent et à leur expertise ?
Si vous croyez encore à l'objectivité des médias français (ou même si vous n'y croyez plus), courez vite voir le film de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat ''les nouveaux chiens de garde'', vous allez rire et bien vous amuser, et même le trouver court,
Ce documentaire de 1h44 est bourré de documents d'archives et d'animations sur la télé d'hier et d'aujourd'hui. Il montre comment notre système industriel des médias a transformé l'information en marchandise, propagande, mensonges et manipulation.
http://www.jemproductions.fr/cinema/les-nouveaux-chiens-de-garde/
un peu d'histoire
Le romancier, essayiste, philosophe, Paul Nizan (1905-1940), publie dans les années 30 ''Les chiens de garde'', un livre critique sur l'enseignement qu'il a reçu à l'Ecole Normale Supérieure de Paris où les grands philosophes de l'époque orientent leur réflexion sur l'Homme en général, plutôt que de s'intéresser à la condition des hommes dans le monde moderne, en particulier les classes populaires.
Cette dénonciation de l'idéologie bourgeoise va nourrir des générations de contestaires.
En 1997, Serge Halimi, directeur du Monde Diplomatique, publie ''les nouveaux chiens de garde'' en reprenant la démarche pour passer au crible le star système des médias français. Les PPDA, Chazal, Giesbert, Joffrin, Chabot, Ockrent, Chain, Pujadas, Duhamel... Ces journalistes trop proches du pouvoir défendent en fait les privilèges d'une classe diriigeante qui, grâce aux médias, impose sa pensée unique du marché, de la croissance et de la consommation.
Le livre, réédité en 2005, rencontre un vrai succès public, 250.000 exemplaires, sans que l'auteur soit invité à la télé, bien sûr, puisque ''les gardiens du Temple'' vont le considérer comme ''ringard'' et ''pseudo-marxiste''.
Les deux réalisateurs, Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, partent de ces deux livres pour condenser en 1h44 une petite histoire de nos médias depuis les années 60 jusqu'à aujourd'hui.
les soumis et les nantis
Rien de neuf bien sûr sur la soumission de l'ORTF de jadis au pouvoir gaulliste. Mais voir Alain Peyrefitte avec ses grandes oreilles, ministre de l'information d'alors, venir expliquer au journal TV la réforme du même journal télé décidée par le gouvernement, cela nous amène directement à la sarkozye d'aujourd'hui. Où un même personnage d'Etat aux grandes oreilles se prend pour le patron direct de toutes les chaînes privées, propriétés de ses amis, et même du service public où il nomme là aussi ses amis.
Ce qui vous affolera c'est le ballet des connivences, ces réceptions, dîners, galas, cercles d'initiés où tout le monde semble copains, industriels, politiques, journalistes. Tous appartenant à la même classe et se congratulant. Vous verrez aussi comment ces mêmes journalistes, grands défenseurs de l'indépendance de la presse, monnayent leur nom dans ce qu'on appelle des ''ménages'' pour animer une convention pour une marque ou un parti politique. En une heure les tarifs peuvent aller de 15 à 50 fois le SMIC.
quant à ''la Crise'', aucun ne l'a vu venir
Trois mois avant l'éclatement de la bulle financière de 2008, Alain Minc, l'économiste conseil de l'ex-Mitterrandie, du journal ''Le Monde'', de la Sarkozye aujourd'hui, s'étonnait sur Direct8 (propriété de Bolloré, l'ami du président) de la formidable plasticité du système capitaliste.
''C'est formidable, disait-il, il sait toujours s'adapter.''
Oui, depuis, il y a 3 millions de chômeurs en France, 7 millions de pauvres et près de 10 millions de mal-logés. C'est fou comme ça fonctionne !
Ce qui est frappant c'est de voir qu'au fil du temps, toutes ces ''stars'' vieillissent naturellement mais prennent un regard de plus en plus dur et rempli de haine dès qu'elles s'adressent au peuple.
Exemple : David Pujadas et Emmanuel Chain : ''Dites-moi, c'est pas bientôt finie cette grève, c'est pas bientôt finie cette émeute, est-ce que vous aller dire à vos camarades de rentrer chez eux ?''
''Oui, mon caporal ?''
Se faire traiter comme un chien par un chien de garde, c'est un comble !
Remarquez, c'est ce qui se passe aujourd'hui quand la propagande reprend : nous, Français, nous sommes fainéants, nous ne travaillons pas, ils nous faut le fouet, la réforme pour vaincre notre stupidité. Ah, si on pouvait se passer du peuple, ou l'éliminer !
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Voir sur le site Les Grandes Oreilles l'interview des deux auteurs. Ils rendent hommage à tous les circuits militants qui les ont aidés dans le collecte de cette masse d'archives très révélatrices du comportement de nos penseurs-en-chef.